Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog du catamaran inoui

Le canal de Panama

10 Février 2015 , Rédigé par cata-inoui.over-blog.com

Lundi 19 janvier : nous faisons une infidélité à Inoui car nous embarquons à bord d'Ylang Ylang, un autre catamaran de type Lagoon 42, le bateau de nos amis Marie-Paule, Martial et leur fils Adrien. Nous allons réaliser un de nos rêves, passer le mythique Canal de Panama.

Le canal de Panama

Le passage du Canal est administrativement complexe et relativement coûteux : le passage proprement dit atteint environ 800 US$ pour un bateau de moins de 50 pieds, auxquels il faut rajouter une taxe de sécurité de 100 $, plus la commission de l'agent, 350 $, plus la location des amarres et défenses 60 $ et une caution de 800 $. La présence de 5 personnes à bord, sans compter le pilote, est obligatoire : un timonier et quatre ''handliners'' qui règlent en permanence les amarres du bateau dans les écluses. Comme beaucoup de bateaux de plaisance ont un équipage réduit de 2 ou 3 personnes, il est nécessaire d'engager des handliners professionnels à 100 $ chacun, plus le gite et le couvert, pour le passage ou de se faire aider de copains.

Nous complétons donc le vaillant mais pas assez nombreux équipage d'Ylang Ylang et nous allons vivre une super expérience : formule gagnant – gagnant !

Mardi 20 : nous quittons Portobelo tôt le matin car Ylang Ylang a rendez vous à la marina proche de Colon, avec son agent pour récupérer les 4 amarres de 38 m, sans nœud, d'un diamètre de 25 mm et quelques défenses. Le cata file bon train propulsé par son genaker, que nous gardons même lors du passage entre les cargos. Ylang Ylang est très différent d'Inoui, bien que de longueur comparable.

Le canal de Panama

A l'heure dite, une pilotine débarque 3 pilotes sur les bateaux au mouillage. Notre pilote est très rassurant et nous fournit régulièrement des explications : nous allons passer en même temps qu'un cargo de 200 m et nous formerons un ''raft'' avec les 2 autres plaisanciers.

Le canal de Panama

. Le plus gros cata sera placé au centre et propulsera le raft, le monocoque et nous, serons sur les flans et chargés chacun de l'amarrage d'un bord dans les écluses. Le monocoque puis l'autre cata déradent, mais notre pilote nous fait rester sur ancre tranquillement, car si le cargo est d'une taille modeste pour la longueur de l'écluse, il est très chargé et son tirant d'eau l'oblige à se mouvoir lentement, donc inutile de se presser.

Le canal de Panama

Le raft est assemblé devant les portes de l'écluse de Gatun, nous occupons le flan bâbord, le cata central nous fait avancer mais les bateaux latéraux aident avec leurs moteurs à la bonne direction de l'ensemble ; Marie-Paule est notre timonier.

Le canal de Panama

Nous sommes responsables de l'amarrage côté babord et nous demandons aux lamaneurs de nous envoyer les toulines dans la trampoline du catamaran, elles ne causeront pas de dégâts. Martial m'a confié l'amarre arrière et lui s'occupe de l'avant, Adrien et Marie-Noëlle sont en renfort.

Le canal de Panama

Le cata central est juste amarré à ses deux bateaux latéraux, il avait embauché deux handliners professionnels qui n'auront rien à faire, mais c'est le règlement !

Lorsque l'écluse se remplit les remous sont importants mais le raft est bien maîtrisé ; de plus la largeur totale du raft est de 20 m, les écluses mesurent 33 m de large, nous ne flirtons pas avec les parois. Une fois l'écluse remplie, nous sommes montés de 9 m, il faudrait presque penser à décompresser.

Le canal de Panama

Lorsque le cargo devant nous enclenche son hélice pour avancer, il provoque de gros remous qui finalement affectent peu notre raft aux amarres bien raidies.

Il y a trois sas dans les écluses de Gatun, et donc ter repetita ; sauf le lancement des toulines car les lamaneurs nous escortent sur le quai avec des bouts légers, reprennent les grosses amarres dans le sas suivant et nous souquons au fur et à mesure que l'eau monte.

Le canal de Panama

Marie-Paule compense les pertes de calories de l'équipage avec d'excellents sandwichs, car il est stipulé dans les directives du passage du Canal que le pilote soit sustenté avec de la nourriture et boisson saines, copieuses et de qualité, les handliners en profitent !

Il est plus de 22h lorsque nous atteignons le lac de Gatun, 26 m au dessus de la mer, chaque bateau du raft reprend son indépendance. Le pilote nous dirige vers une bouée de mouillage où nous nous retrouvons quatre à couple, mais il y a plus de 20 m de fond, pas question de mouiller l'ancre ; Le pilote nous avise que son collègue arrivera demain à 6h30 et il se fait récupérer par la pilotine ; fin du premier acte, tout s'est bien passé, debriefing joyeux et dodo !

Mercredi 21, 6:15 am : l'équipage se lève et est prêt, le pilote tarde : nous en profitons pour nous baigner dans le lac de Gatun, soit disant infesté de crocodile, avec une eau à presque 31°C, dure dure les tropiques !

Le canal de Panama

Il est plus de 8 heures lorsque la pilotine débarque 6 pilotes car nous allons passer les écluses suivantes à 6 plaisanciers, sans cargo, ce sera moins stressant mais moins fun ! Notre nouveau pilote est moins communicatif que le précédent mais agréable : il supervise, voit que tout se passe bien, donne parfois une directive et tapote ses SMS.

L'éclusage suivant est prévu vers 13h, nous mettons donc en route à 6 nœuds, vitesse suffisante pour le trajet. Martial et moi nous relayons à la barre, ou plus précisément aux commandes du pilote automatique, et les discussions vont bon train avec le reste de l'équipage, l'ambiance est très chaleureuse car nos hôtes sont d'excellente compagnie et les temps morts sont agréablement remplis.

Le canal de Panama

Nous traversons en convoi le lac artificiel de Gatun où quelques îles boisées émergent encore, derniers vestiges de collines. La nature est sauvage, pas d'activité humaine dans cette zone, seules les bouées du balisage et les nombreux alignements à terre nous rappellent que nous sommes sur une voie créée par l'Homme.

Le canal de Panama

Quinze miles plus tard nous atteignons la Culebra, la zone du Canal creusée dans les collines, le passage est plus étroit mais atteint quand même 200m dans les portions droites et encore plus dans les courbes : actuellement 2 Panamax de 290 m de long peuvent s'y croiser. Pas d'angoisse pour nous, le passage reste assez large quand nous rencontrons un de ces mastodontes, accompagné d'un remorqueur qui l'aide à prendre les virages.

Le canal de Panama

Se profile ensuite le pont du Centenaire, aux lignes élancées, ouvert en 2003.... année du centenaire de l'indépendance du Panama.

Et nous arrivons devant l'écluse de Pedro Miguel avec un peu d'avance, nous reconstituons le raft dans la même configuration que la veille et prenons une bouée. Marie-Paule restaure le pilote et l'équipage, c'est la vie de château.

Le canal de Panama

Le passage de cette écluse à un seul sas s'effectue sans difficulté, il n'y a pas de remous dans les écluses descendantes, il suffit de mollir progressivement les amarres au fur et mesure de la descente : 9 mètres.

Le canal de Panama

Puis le raft poursuit sa progression d'un petit mile, pour atteindre les écluses de Miraflores.

Elles sont équipées de caméra et on peut y voir le transit du canal sur le site :

http://www.pancanal.com/eng/photo/camera-java.html

Comme il est 20 h en France nous envoyons des mails ou SMS aux amis pour les prévenir et sourions devant les caméras.

Le canal de Panama

Le raft se désolidarise et après avoir passé sous l'antique pont ''de los Americas'' nous nous dirigeons vers le Balboa Yacht Club. Le pilote débarque et des muchachos viennent récupérer les amarres des agents.

Un calcul de marées nous indique que nous sommes à marée haute et que le marnage sera de 5,9 m, il faut mouiller dans au moins 8 m d'eau si nous ne voulons pas talonner à marée basse.

Nous mouillons devant la marina de Punta Culebra et y retrouvons quelques bateaux rencontrés à Panamarina.

Nous fêtons la fin du passage au Champagne et passons une excellente soirée en conversant joyeusement tous les cinq. Nous avons vécu un de nos rêves, mais en plus dans des conditions d'accueil de de convivialité des plus agréables.

Jeudi 20 : nous nous séparons, Martial et Adrien nous débarquent en annexe et commencent le repérage pour la préparation de leur traversée ; dans quelques jours, Ylang Ylang se dirigera vers les Galapagos avec comme objectif suivant les Marquises, qu'il devrait atteindre courant mars.

Nous rentrons en bus retrouver Inoui, après un arrêt chez un marchand de matériel électrique à Panama City (un disjoncteur plus puissant pour le nouveau guindeau) et des courses alimentaires au changement de bus, à Sabanitas.

Puis nous quittons Panamarina dans l'après-midi, cap à l'Est : notre prochain objectif sera les îles San Blas, appelés Guna Yala par ses habitants, les indiens Gunas (anciennement Kunas).

Mais cela est une autre histoire.

Une version du passage du Canal pourra être lue sur le blog d'Ylang Ylang : Levoyagedylang.com

D'autres photos sur Picas en cliquant ici

la dernière porte s'ouvre, nous voici arrivés dans un autre monde, l'océan Pacifique.

la dernière porte s'ouvre, nous voici arrivés dans un autre monde, l'océan Pacifique.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article