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Le blog du catamaran inoui

De Puerto la Cruz aux îles Roques

18 Novembre 2011 , Rédigé par cata-inoui.over-blog.com

 

Mardi 1er novembre : finalement nous renonçons à effectuer les formalités d'entrée (et de sortie) au Vénézuela. Les délais d'obtention sont actuellement d'une semaine, nous ne voulons pas attendre tout ce temps à Puerto la Cruz. Nous quitterons le port de nuit et une fois dans les iles, si nous sommes contrôlés, nous nous déclarerons en transit entre Trinidad et Bonaire. Je n'aime pas être en porte à faux avec les autorités mais nous nous consolons vite en pensant qu'entre les timbres fiscaux, les bakchichs et la commission de l'agent, nous économisons plus de 120 €, mesquin me direz vous ! Alors je me déclare solennellement « Citoyen du Monde », libre de franchir les frontières à mon gré..... tout en conservant ma domiciliation bancaire en zone euro !.

Bolivares

 

 

Deuxième problème du jour, le change au noir. Les Vénézueliens ne sont intéressés que par les grosses coupures, plus faciles à dissimuler lorsqu'ils voyagent, ils refusent mes billets de 20 €. Heureusement, des plaisanciers sont sur le départ vers l'arc antillais et acceptent de m'échanger leurs précieuses grosses coupures contre mes petits billets. Avec deux billets de 100 €, j'arrive à changer à un cours intéressant.

Direction le super marché où nous faisons un ravitaillement conséquent pour des prix faibles en prévision de la vingtaine de jours à passer en quasi autonomie, mais aussi parce qu'il y a un gradient de prix du Sud au Nord des Caraïbes et nous quitterons bientôt le niveau de vie Sud-américain pour le niveau type US.

Retour à l'officina de la marina, où j'explique notre départ nocturne, qui ne surprend guère ; nous ne devons pas être les seuls à voyager « en transit ».

 

 

Comme il me reste un peu de temps, je m'essaie à l'achat de gasoil. Celui-ci est vendu 1 centime d'€ le litre. Du coup, des plaisanciers étrangers en achetaient en grosses quantités et le revendaient dans les pays voisins (DOM en particulier) avec une belle marge. Du coup le gouvernement a interdit la vente de gasoil aux plaisanciers étrangers. Du coup, un trafic s'est organisé : des locaux vont remplir les bidons des plaisanciers et leur revendent dix fois plus cher, soit 10 centimes d'€ le litre. L'affaire est encore bonne.

PiscinePLCJ'arrive à contacter un des revendeurs qui me demande d'attendre « cinquo minutos », unité de temps locale que l'on peut traduire par « dans les heures à venir » . Je préfère aller l'attendre près de la piscine en gardant un oeil sur le bateau. Il reviendra une heure plus tard pour m'annoncer qu'aujourd'hui « no es posible, mañana » ; mañana, deuxième unité de temps locale qui théoriquement se traduit par demain, mais ici par : dans les jours à venir... Pour un départ cette nuit c'est loupé ! Ce n'est pas dramatique, les réserves de gasoil sont suffisantes, c'était juste pour satisfaire le côté trafiquant qui est en moi et économiser quelques dizaines d'€ !



 

 

 

Mercredi : réveil à 3 heures du matin et départ illico, sous l'œil bienveillant du vigile de la marina. Le vent est faible de sud-ouest et sous voilure de route, au près bon plein, nous atteindrons l'île de la Tortuga vers midi, après avoir parcouru une soixantaine de miles et péché une bonite d'un kg, ce fut vraiment une traversée très calme.

Nous mouillons près d'une plage au sable blanc (playa Caldera), dans une eau turquoise par 2,5 m de fond.

L'île est quasi inhabitée, avec quelques baraquements qui servent de campement temporaire aux pécheurs et abritent un « bar restaurant » qui fonctionne surtout le week-end. En effet cette île est prisée des riches vénézueliens qui y viennent en petit avion, en hélicoptère privés ou en bateau à moteur. A notre arrivée nous étions seuls, rejoints plus tard par deux autres plaisanciers qui mouillent plus au large, moins à l'abri de la houle.

PiqureMoustiques

 

Nous allons à la plage à la nage, nous voulons visiter le campement mais le chemin dans la dune est hérissé d'herbes piquantes qui blessent nos délicats pieds nus, nous longerons sagement la plage, précédés par un bécasseau, qui trottine devant nous en picorant le sable fraichement mouillé par une vague, trop drôle ! Je sais, un rien nous distrait, mais c'est parce qu'on n'a pas la chance, comme vous, de pouvoir regarder les séries TV américaines !

 

La nuit tombe et les moustiques se ruent sur nous, nous sommes mouillés trop près de la côte. Le temps de se rhabiller, chasser les bestioles, déplacer le bateau au niveau des bateaux mouillés au large, nous sommes constellés de piqures ! Nous nous sommes comportés comme des bleus, en mouillant près de la côte, un jour de vent faible. C'est joli, très carte postale tropicale, sauf que les cartes postales ne montrent jamais les moustiques !



PineroTortugaJeudi : un piñero est venu nous rejoindre cette nuit au mouillage, il a mouillé encore plus loin de la plage que nous, l'expérience ! Dans la matinée nous déplaçons le bateau, le long de l'île et nous nous arrétons le long d'un récif corallien (los Palanquinos) où un copain nous a dit avoir péché des langoustes. Les fonds sont jolis, poissonneux et faute de langouste je ramènerai un superbe coup de soleil dans le dos, avec en prime la marque de mes plombs de plongée.

Le soir nous mouillons à Cayo Herradura, un îlot en forme de fer à cheval, comme son nom l'indique, donc très bon abri de la houle. On y trouve aussi un campement de pêcheurs que nous visiterons lors de notre biathlon quotidien : natation, aller-retour à la plage, puis marche le long de la plage.



 

 

Vendredi : réveil à minuit, avec départ illico pour les Roques distants de 85 miles. Nous voulons entrer dans la lagune par la passe sud, dite de « Sébastopol » qu'il vaut mieux franchir avec le soleil haut (entre 10 et 14 h). Le vent est modéré de Sud-Est et grand largue nous filons 7-8 nœuds avec des accélérations à 11-12 dans les surventes passagères. Les îles sont basses et une légère brume, sans doute provoquée par l'écume des déferlantes sur la barrière de corail, les enveloppe. Nous ne les devinerons qu'à 7-8 miles de distance et le phare de Sébastopol à environ 5 miles.

A deux miles de la côte, une toLagonBleuuche franche sur la ligne, cela tire très fort, le temps que j'enfile les gants de cuir, la ligne s'est ramollie. Le poisson est parti avec mon bel appât, ce devait être un gros spécimen, mais vu la taille de l'hameçon qu'il a emporté, il a intérêt à trouver rapidement un bon dentiste !

 

Les voiles sont affalées un demi mile avant la passe que nous commençons à bien distinguer : dans la barrière de corail, il y a une zone où les vagues ne brisent pas. Entrée prudente, moteurs au ralenti et Marie-Noëlle, en vigie sur la poutre avant, qui m'indique les zones à éviter. Les fonds remontent à 6 mètres, malgré les creux liés à la houle, c'est largement suffisant pour Inoui qui cale 1 mètre.

Une fois la passe franchie, nous avons devant nous une mer plate, bleue intense, signifiant eau profonde (10 à 20 m), parsemée de taches jaunes ou brunes, les hauts fonds de sable ou les pâtés de corail.. La navigation à vue est simple. Quelques miles plus loin nous mouillons derrière un îlot avec mangrove (Buccyacco) par 10 m, fond de sable. Nous voyons l'ancre dans le fond !

 

 

Après midi, snorkeling (nage avec palmes, masque et tuba) entre les pâtés de corail, parmi les poissons par centaines. Les plus remarquables : les bancs de poissons perroquet, énormes au moins 5 à 10 kg, une raie d'un mètre d'envergure que je fais décoller du sol en lui jetant des morceaux de corail (c'est une raie pastenague avec une queue munie d'un dard venimeux, j'y ai gouté un jour de chasse maladroite, je me tiens à distance maintenant), sa nage est gracieuse....

lambiMarteauLe soir, je pars en repérage dans la mangrove et découvre que c'est un véritable garde manger sous marin. Entre les racines se cachent des milliers de poissons, je tire et rate quelques petits barracudas, comme il reste de la nourriture à bord, je ne tire pas les espèces faciles. Je ramènerai quand même 3 lambis, je n'en avais jamais péché auparavant. Bon maintenant, yapluka sortir les bêtes de la coquille. En théorie c'est simple, il faut percer un trou vers le haut et couper le muscle. En pratique, mes premiers essais sont loupés, je ne dois pas percer pas au bon endroit.

 

Samedi : direction la plage avec les lambis, un marteau et un couteau. J'y trouve des coquilles vides et repère l'emplacement exact du trou à percer. Mes seconds essais sont couronnés de succès, les bêtes sortent. Yapluka les nettoyer, choisir la recette dans notre livre de recettes antillaises et les cuisiner, ce soir ce sera coquillettes, lambis, sauce tomate !

 

 

 

Retour dans la mangrove avec Marie-Noëlle, pour chasse et snorkeling, se faufiler entre les racines est un émerveillement, tant les poissons sont nombreux. Retour avec deux pagres de taille moyenne, ce sera poisson frit ce midi !

 

Nous continuons notre exploration des îles de cet archipel en évitant Gran Roque et les îles voisines où se trouvent les autorités.

 

LangousteDe samedi à jeudi notre biorythme est lié au soleil : lever avec lui (avant 6h locales) et pêche pour moi. Et ici, je me régale car il y a une grande diversité de poissons et je peux choisir mes cibles . Ma préférée est la langouste et j'en ramène une de plus d'un kg, ce soir là, ce fut queue de langouste grillée. J'ai joué avec les thazards, au corps allongé, rapides, pas facile d'approche. Enfin j'ai trouvé la technique en me plaçant au dessus du poisson et en descendant à la verticale. Et hop un thazard d'un kg....Dans la mangrove je vais tirer des pagres en choisissant les belles pièces qui parfois m'échappent un fois harponnées, car elles arrivent à se coincer entre les racines des palétuviers où je ne peux accéder...



 

 

Ensuite c'est baignade en commun, je montre à Marie-Noëlle les plus beaux spots coralliens que j'ai repéré et munis de nos gants de caoutchouc (pour éviter les brulures du corail feu) nous évoluons entre les divers variétés de coraux et les poissons.

Les plus beaux poissons se trouvent dans les zones de corail vivant, qui affleure presque la surface. Nous nous déplaçons en nous accrochant aux coraux, impossible de nager. Les gros poissons se réfugient dans des mini piscines entre les coraux. Les plus impressionnants sont les perroquets aux couleurs variées et de grosses tailles. Un seul regret, nous ne sommes pas équipés pour la prise de photos sous-marines.

NonoDune

 

Parfois c'est promenade sur la plage ou sur l'île, si la végétation le permet, la densité de la mangrove la rendant impénétrable.

Nous naviguons en milieu de journée quand le soleil est haut, ou s'il est dans notre dos. Entre et autour des iles, il y a des bancs de corail qui se repèrent facilement à la couleur de l'eau, en bonne luminosité. La cartographie des Roques est imprécise, de plus les coraux sont vivants et peuvent croitre, une sonde un peu ancienne n'est pas fiable, les bancs de sable peuvent se déplacer, nous naviguons donc à vue, en général Marie-Noëlle et son écharpe, à l'avant du bateau.

Le midi pause casse-croute- bain dans un mouillage et le soir dans un autre, les énumérer tous serait fastidieux. L'archipel comporte plus de 30 îles et certaines peuvent comporter plusieurs mouillages

 

 

 

 

 

InouiLagonNous sommes souvent seuls dans le mouillage et rarement avec 2 ou 3 autres bateaux. J'évalue le nombre de plaisanciers à moins de 20 bateaux, dans un archipel qui mesure environ 10 miles par 20, on ne se gène pas. Parfois dans la journée une lancha remplie de touristes vient mouiller près de la plage, soit elle repart vite après le bain des passagers, soit elle les abandonne quelques heures avec un parasol.

Résultat, pas d'échange avec d'autres plaisanciers, des signes amicaux et quelques mots échangés avec les pécheurs. Le bruit de fond, c'est la houle qui déferle sur les barrières de corail, plus ou moins proche et bruyante, mais toujours présente.

 

 

 

 

La navigation se fait à la voile, sauf les entrées-sorties de mouillage et comme les îles sont proches les unes des autres, cela excède rarement une heure. En plus, il n'y a pas de houle, celle ci se brisant sur la barrière de corail qui entoure quasiment l'archipel.

Depuis une semaine que nous avons quitté Puerto La Cruz, nous n'avons eu qu'une averse brève, les vents sont toujours de secteur Est, force 2 à 4. Nous sommes enfin entrés dans la carte postale des tropiques.

Sauf un soir où nous étions pourtant mouillés à distance respectable de la mangrove mais où nous avons encore subi une attaque en règle des moustiques. Nous avons vite réagi, bougie à la citronnelle, tapette à mouche, répulsif, bombe Baygon... nous ne fûmes pas piqués, mais le lendemain matin plus d'une centaines de cadavres jonchaient le sol du carré !



Jeudi 10 novembre : nous allons mouiller à Gran Roque, surtout pour le wifi mais aussi pour visiter le seul petit village de l'archipel. Nous sommes proches du départ vers la Blanquilla, théoriquement un bateau en transit a droit a un séjour de 24 h, donc si les autorités nous questionnent, nous devrions nous en sortir.



Ensuite, ce sera le retour vers l'arc antillais. Après la halte à la Blanquilla, nous visons la Guadeloupe où doivent arriver Alain et Monique (mon frère et son épouse). Ce sera une navigation moins facile, c'est plus de 300 miles à faire contre le vent d'Est et le courant, du louvoyage en perspective : 2 fois la route, 3 fois le temps, 4 fois la rogne, selon un proverbe breton.

C'est peut être ce qui préserve les Roques de l'invasion plaisancière, la route du retour est pénible !

Plus de photos sur Picasa en cliquant ici :link

 

PS : wifi en panne à Gran Roque, cet article est publié de la Dominique, avec du retard !

CoucherSoleilRoques



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