Medellin (Colombie)

Du lundi 2 décembre au vendredi 6 : Medellin avait un déficit d'image tel que je n'envisageais pas d'y séjourner, malgré les avis positifs des guides touristiques. C'est Dino, notre ship agent, qui nous en a dressé un tableau si enthousiaste qu'il nous a finalement convaincu. Selon lui, s'il y a une grande ville à visiter en Colombie, c'est Medellin. Nous en fîmes donc la première escale de notre périple.

Le vol Santa Marta – Medellin nous permet d'admirer les vastes plaines alluviales de la Magdalena (le grand fleuve Colombien), avec de nombreuses lagunes, puis le relief devient plus accidenté avec les contreforts des Andes, ensuite nou découvrons des zones plus élevées presque désertiques et enfin les vallées voisines de Medellin très cultivées, avec de nombreuses serres. C'était un extrait de « la Colombie vue du ciel ». Medellin se situe à 1500 m d'altitude, le climat y est agréable.

Comme les locaux, nous rejoignons le centre ville en utilisant les minibus collectifs. Si l'aéroport n'est distant que de 30 km du centre ville, il est situé dans une vallée voisine et une fois le col franchi, nous avons une vision sur la vaste Métropole (2,4 millions d'habitants) entourée de collines urbanisées avec fréquemment des tours d'habitations d'une quinzaine d'étages.

Medellin, comme la plupart des anciennes villes coloniales espagnoles possède un tracé rectangulaire de rues avec les Carreras orientées Nord-Sud et les Calles Est-Ouest. Ces artères portent des numéros, bien ordonnés, les numéros des maisons tiennent compte de l'artère proche. Notre hôtel, dans le centre ville, est dans la carrera 54 au numéro 39-22 : c'est donc très facile de se repérer, c'est non loin de l'intersection avec la calle 39, J'espère que vous avez pris de notes, il y a contrôle à mon retour !

Le premier jour, nous nous dirigeons vers la Zona Administrativa, quartier à l'architecture moderne pour ne pas dire avant-gardiste. De grands immeubles de formes variées, très espacés, bordées de larges avenues et de places aux thèmes originaux comme celle des Pies Descazados, où il faut se dechausser pour sentir l'énergie de la Terre, ou l'ancienne place Cisneros, rebaptisée « parc de la lumière » avec ses 300 hautes colonnes de bétons symbolisant des arbres et illuminées la nuit.

Pour notre passage, la municipalité a organisé une animation orientée sur la santé des jeunes. Et pour attirer les cibles, un spectacle de danse moderne, de gymnastique et acrobatie est donné.

Le choix de ce quartier visité en premier est influencé par la présence du Centre d'Information Touristique où nous glanons des documents et informations sur les activités programmées et les sites à ne pas manquer. Nous avons de la chance, en raison des fêtes de Noël et des ''Lumières'', les distractions ne manquent pas.

Cet office de tourisme est situé dans un complexe de type parc d'expositions et de conférences construit il y a une dizaine d'année. L'idée de la Municipalité animée par Sergio Valderrama, un mathématicien visionnaire avec comme slogan « de la peur, à l'espoir » était d'essayer d'attirer des entreprises étrangères lors de foires ou symposium internationaux pour montrer le nouveau visage de Medellin « un hogar para la vida », un lieu pour la vie ! Et cela fonctionne bien, l'image d'une ville sure et dynamique commence à effacer celle de Pablo Escobar et du Cartel et des entreprises sy installent.

Medellin est entourée de Cerros (collines), le sommet de l'une d'elle, proche de la Zona Administrativa est accessible à pieds et est aménagée en zone touristique avec reconstitution d'un Pueblito (petit village) et postes d'observation sur la Cité. Nous pouvons ainsi embrasser l'étendue de cette ville et la beauté de ses monuments.

En soirée nous parcourons des illuminations de Noël installées le long du rio sur des kilomètres, le thème de la Nativité y est évoqué mais aussi des scènes de la vie des Paisas, les habitants de la région. Nous sommes en compagnie de milliers de familles et de groupes, dans une ambiance kermesse. Puis nous assistons à un spectacle lumiére laser et son de Xavier de Richemont sur ''l' Edificio Intelligente''. Le titre du show est: « Medellin es Amor », c'est significatif de l'image que veut donner cette ville.
Le retour à l'hôtel se fait à pieds, sans angoisse, cette ville de transpire plus la peur !

Le lendemain, nous parcourons le centre historique avec de belles églises comme la Basilique de Nostra Senora de la Candelaria d'aspect colonial, datant de 1750 ou la Cathédrale Metropolitan plus récente, gigantesque, en brique (plus d'un million, mais je n'ai pas recompté). Les intérieurs sont époustouflants de décorations, tableaux, statues, retables.... souvent recouverts d'or ou en argent, matériaux localement peu couteux, grâce au pillage des sépultures et villages indiens.

Ces églises sont très fréquentées par des fidèles, dans les deux sus-citées, j'ai relevé qu'il y avait en semaine 6 à 7 messes en matinée et une en soirée. Chaque fois que nous y pénétrons lors d'une messe, l'église est remplie et en dehors des offices, des gens prient ou se confessent.

Dans mon éducation catholique, ancienne certes, le rite "païen" du sapin de Noël était à séparer du rite religieux. En Colombie, dans la plupart des églises on peut voir des sapins de Noël avec des cadeaux aux pieds, et l'intérieur des bâtiments est décoré avec des guirlandes classiques ou scintillantes, y compris autour des confessionnaux. Je n'ai pas encore vu de curés habillés en Père Noël, quoique une fois ainsi vêtus, comment les reconnaître et puis l'origine du Père Noël ne remonte-t-il pas un a évêque ?

Medellin est la ville où est né et a vécu Fernando Botero, ses sculptures sont présentes en divers lieux de la ville. Dans le Parc Botéro, proche de notre hôtel et en face du café où nous prenons notre petit déjeuner sont exposées en permanence près d'une trentaine d'entre elles, dont Adam et Ève, des Chevaux, des Femmes, des Torses, des Têtes...

Dans le parc San Antonio, outre la Vénus endormie et un « Torse Masculin » se trouve « l'Oiseau de la Paix » sous lequel, en 1995, le Cartel posa une bombe qui tua une trentaine de passants. La statue déchiquetée est toujours en place avec la liste des victimes, comme un émouvant mémorial, mais à ses côtés se trouve un nouvel Oiseau de la Paix que Botero a resculpté et offert à la Ville.

En traversant des quartiers de vieilles et belles demeures, nos pas nous conduisent aux quartiers Nord, où se trouvent l'Université, le Jardin Botanique, le Planétarium et Explora, le palais des Sciences. Partout des bâtiments à l'architecture fonctionnelle et avant-gardistes. Les vacances scolaires s'étalent de décembre à début février en Colombie, aussi de nombreux groupes de jeunes fréquentent et animent ces lieux.

Sous l'impulsion du Maire Sergio Valderrama, déja cité, Medellin s'est doté depuis quelques années de deux lignes de métro aérien. Nous l'empruntons pour nous rendre à un des téléphériques. C'est en fait une autre ligne de métro, le ''metro cable'' qui permet d'accéder à des quartiers situés sur les Cerros, le bario ''Santo Domingo'' dans notre cas. La correspondance s'effectue comme pour une ligne de métro, et nous montons dans des cabines à 8 places qui se succèdent rapidement.

Après deux stations intermédiaires, nous voici surplombant le centre ville de quelques centaines de mètres, et nous nous promenons dans un quartier fort animé, mais prévu pour dahuts, vue la forte déclivité.

Certaines ruelles étroites sont desservies par des mules.

Le soir nous avons une déprime éphémère après un raté pour un spectacle laser et musique sur la façade de la Cathédrale Metropolitan : le programme annonçait un début à 8 h et bien qu'arrivés quelques minutes plus tôt, nous n'avons vu que le générique de fin.

Nous parcourons alors une grande avenue, classée piétonne pour les fêtes, où les commerçants et autres professions ont aménagé des illuminations en forme de portique, représentant leurs corps de métier, et ceci sur près de 2 km. Cela ruisselle de guirlandes multicolores, nos âmes d'enfants sont ravies, de plus l'ambiance est festive avec une importante foule déambulant.

Le troisième jour débute par la visite du musée Antioquia (nom de la région incluant Medellin) où nous retrouvons de nombreuses sculptures et peintures de Fernando Botero et des peintures de Pedro Nel Gomez, le plus célèbre des peintres ''Muralistes'' de Colombie. Ne croyez pas que je cite les prénoms par snobisme, mais en Colombie, les homonymies de nom de famille sont fréquentes. Ainsi lorsque je demandais à un gardien du musée où trouver des peintures de Gomez, il a eu l'air de pas comprendre. J'ai insisté en précisant 'pinturas murales'', sa réaction fut « Si, Pedro Nel Gomez » , il nous renseigna et nous ouvrit même une salle privée normalement interdite au public. Plus tard dans le musée, nous vîmes des tableaux d'autres Gomez.

Le célèbre ''Horizontes'' de Cano (Francisco Antonio....) fait aussi partie des sujets d'intérêt de ce musée.

Notre visite se poursuit par le quartier El Poblado, zone située en périphérie et habitée par la bourgeoisie et les Bobos locaux. C'est un quartier très sécurisé la nuit depuis longtemps, aussi des hôtels internationaux, des restaurants et bars branchés s'y sont implantés, la population est huppée et cosmopolite, les maisons luxueuses : un autre aspect de la ville.

Nous retournons le soir au parc Botero, où une troupe française de comédiens percussionnistes, ''mobile homme '' a été invitée pour son show se terminant, soulevés par une grue à une dizaine de mètres du sol comme un mobile : gros succès auprès du nombreux public Colombien venu assister à ce spectacle gratuit organisé pour la Feria de Luces.

Les déplacements en ville sont aisés, car il existe des voies piétonnes agréables à parcourir et le métro permet de passer rapidement d'un quartier à l'autre. En plus ce métro est aérien et surplombe la plupart des bâtiments, d'où une vue dégagée sur Medellin.

Si nos pérégrinations ont été principalement dictées par la vue ou visite de différents édifices, la vie des Medelliens rencontrés nous a passionné. D'abord, la foule bigarrée, grouillante en toute heure et tous lieux, mais aussi les divers métiers exercés sur les trottoirs, dans les parcs et voies piétonnes : les vendeurs en tous genres, du lacet aux bracelets de montre en passant par l'alimentaire, les cireurs de chaussures, les réparateurs d'objets divers, les écrivains publics avec leurs machines à écrire, et les hommes (ou femmes) cabines téléphoniques, bardés de plusieurs téléphones portables munis de kit piéton. Ce sont toutes des micro-entreprises avec comme ''local'', un sac à dos, un cabas avec quelques bouteilles thermos , un plateau avec quelques verres, une poussette d'enfant aménagée, un caddy de supermarché reconverti, des plaques de polystyrène piquées d'objets....

Ils s'installent tôt le matin et ne repartent que tard le soir. Si l'étal est trop volumineux, il est empaqueté dans du plastique noir et passe la nuit sur le trottoir. Nous rentrons le soir à l'hôtel entre ces fantômes et aussi hélas parfois, entre les SDF, abrités dans leurs couvertures ou bâches plastiques, à même le trottoir ou sous les porches, certains assez proches de l'état d'épaves humaines. La paix et la sécurité a été rétablie à Medellin, la politique libérale a permis d'accroitre le revenu d'une partie de la population mais il y a des laissés-pour-compte.

Cependant, pour nous, Medellin ne sera plus jamais la ville de Pablo Escobar ni du Cartel, elle est devenue celle de Botero, Pedro Nel Gomez, du modernisme et des Colombiens sympathiques et travailleurs.

L'étape suivante est Villa de Leyva, mais pour rejoindre cette petite cité à partir de Medellin, il nous faudrait franchir deux Cordillères à plus de 3000 m, séparées par la vallée de la Magdelana située quasi au niveau de la mer, aucun transport pratique ne le permet. Nous rejoignons donc Bogota en avion et de là, un petit saut en bus nous conduira à Villa de Leyva pour la Feria de Luces, mais cela est une autre histoire.

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Horizontes de Francisco Antonio Cano (1913)