Le Pérou (1/3) : Lima, Nazca, Arequipa

Jeudi 1er octobre : nous voici de retour au bateau, qui n'a pas souffert de son hivernage, bien à l'abri sous son nouveau taud. Nous entamons quelques travaux de remise en état et nous embauchons même un travailleur guatémaltèque pour nous aider à poncer les coques.

Mais la saison cyclonique n'est pas terminée et la reprise de la navigation est lointaine, elle ne se fera pas avant un bon mois !

C'est pourquoi la tête est déjà partie vers un nouveau pays à découvrir, le corps a suivi aussi.

Le jeudi 8 octobre nous atterrissons donc à Lima (Pérou) après 2 vols : départ de Ciudad de Guatémala, escale à San Salvador, puis Lima, sans encombre !

Arrivée à l'aeropuerto, nous ne nous sentons pas dépaysés car nous retrouvons la nuée habituelle des solliciteurs, arnaqueurs... avec badges officiels (premier prix du taxi "officiel" 80 US$, la course fut finalement payée 20 US$ à un autre taxi "officiel''. Trois semaines plus tard, nous retournerons à l'aéroport en taxi ''officiel'' pour 12 US$, l'apprentissage d'un nouveau pays a un coût !

Pourquoi des taxis ''officiels'', parce qu'il y a des rumeurs d'enlèvements de touristes par des taxis indélicats, alors prudence pour le moment !

Nous arrivons à l'hôtel vers 22h locales, c'est toujours un peu l'angoisse, une arrivée tardive avec réservation par internet, mais notre chambre n'a pas été louée et l'accueil à la réception est très cordial. La chambre est un peu petite mais très propre et l'hôtel est situé près du centre : premiers contacts satisfaisants.

Le lendemain matin nous partons à la découverte du centre historique de Lima, et nous effectuons nos premières visites d'églises avec retables surchargés d'or, mais nous parcourons aussi de vastes couvents tout aussi luxueux, souvent avec catacombes et bien sur, nous flânons en ville.

Si la Plaza de Armas (dans toutes les villes du Pérou, les places centrales s'appellent ainsi) est harmonieuse, avec d'un côté le palais présidentiel, la Cathédrale et le palais épiscopal d'un autre et les bâtiments municipaux avec arcades pour fermer le carré, ce n'est pas le cas de tout le centre ville.

Lima étant régulièrement rasée par des tremblements de terre (et la menace est prise au sérieux), l'ancien rebâti côtoie le neuf, l'unité architecturale n'est pas de mise, mais le ville a du charme.

A midi, nous assistons à la relève de la Garde devant le palais présidentiel, relève qui vaut un ballet d'opérette, et la musique qui l'accompagne nous gratifie d'un répertoire varié, y compris ''el Condor Pasa''.

Cette ville est au bord de la mer et en cette saison, elle est recouverte d'un manteau brumeux, donc le ciel est gris et les températures raisonnables.

Les Liméniens sortent en fin d'après-midi et les rues du centre sont très animées avec une ambiance bon enfant où nous nous sentons bien.

Nous avons aussi concrétisé l'achat de billets de bus pour la prochaine étape : Nazca ; évidemment nous avons sélectionné une des compagnies les plus secure, avec fouille avant la montée : prudence !

Soyez rassurés, nous continuerons la visite de Lima à la fin du séjour.

Samedi 10 octobre : lever avant l'aube, et le bus confortable nous fait traverser pendant 7 heures une zone quasi désertique, parfois proche du Pacifique, jusqu'à Nazca, 450 km plus au Sud.

Le courant marin froid qui longe les côtes péruviennes empêche les masses d'air humide d'atteindre la côte, d'où les très faibles précipitations : à Nazca durant toute l'année 2014, il a plu pendant 20 minutes !

Heureusement les Andes alimentent quelques cours d'eau au milieu de vallées verdoyantes comme celle de Pisco et ses vignobles, ainsi que des nappes phréatiques, seules sources d'eau à Nazca.

Notre bus possède deux niveaux et nous sommes assis au premier rang du deuxième étage, nous ne loupons rien du paysage, hélas monotone !

Cette escale est surtout intéressante pour les lignes et les figures tracées dans le désert par la civilisation pré-Inca dite de Nazca.

Sitôt les sacs posés à l'hôtel, nous partons à la recherche du meilleur plan pour voir ces lignes : affaire conclue pour 80 US$. Le soir nous assistons à un exposé sur les lignes, leur découverte, les hypothèses, et surtout avec force avec projections, leur aspect : heureusement car lors du survol, le passage est rapide.

Le lendemain, nous survolons donc ces figures en petit avion, un Cesna 5 passagers, chacun a sa fenêtre ; le copilote nous indique ce qu'il faut voir et l'avion effectue 2 passages pour chaque figure, afin qu'elle soit bien visible des 2 côtés. Avec virage serré sur l’aile entre chaque passage, l'estomac d'un de nos co-passagers n'a pas résisté !

Quant aux figures, ce sont de simples déplacements de pierres : les pierres noires de surfaces ont été enlevées sur une épaisseur de 30 cm en moyenne et les pierres inférieures sont blanches. Nous n'avons pas réussi à voir la première figure, la baleine, mais ensuite le singe, le colibri etc... nous sont apparus, sans compter les nombreuses lignes et autres figures géométriques.

Nous enchaînons avec la visite de la nécropole de Chaucilla, des hectares de tombes remplies de momies Incas ou prè-Incas (Nazcas, Huaris) ; le lieu étant très sec, les corps se conservaient bien et les nobles venaient parfois de loin enterrer leurs morts.

Ces corps en position fœtale sont impressionnants, dans leurs tombes, entourés des objets nécessaires à leurs vies célestes et tournés vers le soleil levant. Un corps manque dans une fosse : notre guide explique que c'était la momie d'un haut dignitaire, qui était reconnaissable à son crâne déformé : volée une nuit ! Au marché noir des objets d'art, elle a du être vendue 5000 US$ à un collectionneur.

Comme souvent dans les ''tours'', notre guide nous traîne ensuite chez des artisans-vendeurs... nous n'étions pas enthousiasmés au départ, mais l'un d'eux est un orpailleur qui a une concession dans la montagne et en extrait l'or, démonstration à l'appui, puis fabrique des bijoux (que nous n'achèterons pas) : il y aurait plusieurs centaines de milliers d'orpailleur au Pérou.

Bien devant le tourisme, Nazca vit des mines, 60% de la population travaille dans ou pour ce secteur.

C'est le week-end, le centre ville est animé le samedi soir et le dimanche matin, nous assistons à un défilé civique devant la Mairie, une nouveauté pour nous, mais celui-ci est de petite taille comparé à celui que nous verrons à Cuzco.

Après Nazca, nous enchaînons par une nuit de bus, de 22h à 8h du matin ; le bus assez confortable (type semi cama), nous conduit à Arequipa, deuxième ville du Pérou, avec un joli centre colonial bien conservé : cathédrale, églises, couvents, musées... La ville est principalement construite avec une pierre volcanique blanchâtre, d'un assez bel effet.

Nous essayons de vivre au rythme infernal du touriste qui ne veut rien louper, mais après la nuit dans le bus, nous errons un peu en ville, visitant la cathédrale, la ''Compañia de Jesu'' à la superbe façade baroque et sa chapelle recouverte de peinture polychrome exubérante et un peu naïve (photos interdites) et le centre ville, bien aménagé avec sa vaste et jolie ''plaza de Armas'', très animée, surtout le soir avec même des petits orchestres dont un avec cornemuse (gaeta pour les puristes).

Le rythme du "routard" se prend petit à petit : après le bus, l'hôtel, on pose le sac, on va au ''Turismo'' pêcher les informations, on réserve, on cherche un resto, on tchatche avec les (co)voyageurs, des jeunes pour la plupart....Mais, entre les visites, les études de trajet, la logistique, la recherche du meilleur plan, puis la concrétisation, etc... Les journées sont bien remplies, nous sommes épuisés le soir et je réalise que je ne pourrai m'occuper du blog qu'au retour au bateau.

Le rythme du "routard" se prend petit à petit : après le bus, l'hôtel, on pose le sac, on va au ''Turismo'' pêcher les informations, on réserve, on cherche un resto, on tchatche avec les (co)voyageurs, des jeunes pour la plupart....Mais, entre les visites, les études de trajet, la logistique, la recherche du meilleur plan, puis la concrétisation, etc... Les journées sont bien remplies, nous sommes épuisés le soir et je réalise que je ne pourrai m'occuper du blog qu'au retour au bateau.

Le lendemain, nous avons retrouvé la forme et nous visitons les deux principales curiosités d'Arequipa : la momie de Juanita, une princesse Inca de 14 ans sacrifiée aux Dieux en colère, il y a plus de 500 ans, au sommet de l'Ampato (6310m) et conservée congelée dans les neiges éternelles. Elle est sortie de son cocon neigeux il y a une vingtaine d'années suite à l'éruption d'un volcan voisin ... et sa dernière sépulture est un congélateur à moins 20 °C dans l'Université : triste et émouvant ! La visite est organisée par les étudiants grâce auxquels nos connaissances sur les Incas font un bond en avant.

Ensuite, nous parcourons le couvent de Santa Catalina, le plus vaste du monde avec plus de 20 000 m², quasi une ville au cœur de la ville, avec rues, places … Bâti pour riches nones, recluses certes, mais un peu hédonistes, avec servantes, esclaves... Jusqu'à ce que le Vatican remette un peu d'ordre à la fin du 19éme siècle, non mais !

Nous sommes maintenant à plus de 2300 m, nous nous acclimatons progressivement à l'altitude.

Le ciel est bleu avec une belle visibilité et autour d'Arequipa des sommets culminent à plus de 6000m et à cette hauteur ils sont recouverts d'un manteau neigeux : le plus beau sommet visible de la ville est le Chachani : "enveloppé de neige" en Quechua ! Et oui, les habitants ici sont les Quechua, mais grâce à Décathlon, ils nous sont familiers !

Pour le moment, comme nous nous sommes peu éloignés des centres villes, l'habit qui domine est celui du travailleur citadin, type occidental ; les rares habits traditionnels sont souvent portés par des marchandes de souvenirs...

L'étape suivante est desservie par des compagnies locales avec passagers non gringos mais comme nous commençons à connaître un peu le pays, nous choisissons cette solution.

En plus, il y aura un col à franchir à plus de 4900m, il est temps de commencer la cure de Coca, mais cela est une autre histoire.