Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog du catamaran inoui

Les Roques et Aves (Vénézuela)

15 Novembre 2013 , Rédigé par cata-inoui.over-blog.com

Du dimanche 3 novembre au mardi 5 : de retour du rio Caura, nous vivons nos 3 derniers jours au Vénézuela continental. Cela commence mal, le wifi est en panne, nous avions hâte de reprendre contact avec notre tribu, mais les occupations ne manquent pas entre le tri des photos, la rédaction de l'article du blog, les dernières courses et les pertes de temps.

Une des batteries moteur donne des signes de faiblesse, autant la changer ici ! La première tentative a eu lieu il y 8 jours, mais comme j'attendais la livraison du Gasoil, je suis parti trop tard en ville, les magasins étaient fermés. Lundi matin je repars en ville avec un copain qui doit déposer sa voiture chez un garagiste, un vendeur de batteries se trouvant à proximité. Nous attendons l'ouverture du magasin quand un voisin nous prévient que le propriétaire a fait la fête toute la nuit et n'ouvrira que tardivement. Retour à la marina où je dois récupérer des Bolivares auprès du Banquier parallèle, retour à pieds car l'avenue menant à la Marina est barrée par des manifestants qui y ont incendié les ordures rarement ramassées. Vers 10 h 30, j'ai mes Bolos, je dépose l'excédent au bateau et repars en ville, Avenue Bolivar où sont concentrés la plupart des vendeurs d'accessoires auto. J'en visite une dizaine, aucun n'a la batterie de la bonne puissance mais me conseillent de continuer plus loin. J'arrive au magasin souvent cité, pour le voir fermer ses portes, c'est la pose de midi. Je rentre bredouille et désespéré au bateau. Le lendemain matin, je hèle un taxi, lui donne le nom du magasin, la conversation s'engage. Il connait le dépôt Duncan (fabricant local). Nous nous y rendons, il descend avec moi et commence à négocier la batterie pour moi. Il m'entraîne ensuite dans l'arrière boutique où se trouve le stock. J'y trouve la batterie de mes rêves (une trentaine d' €), il me ramène au bateau, 40 min après mon départ, avec un coût de la course de 100 Bolos : 1,5 €. Cette anecdote résume pour moi, nos démarches au Vénèz'. Des ratés déprimants, puis soudain la solution apparaît, simple, rapide et bon marché.

Je consulte le cours du Bolivar parallèle sur le site de référence ''tucadivi.com'', l'euro a encore augmenté, c'est bon pour nos finances. Le cours officiel du Bolivar est de 8,7 bolos pour un euro.

Les Vénézueliens achètent des devises aux étrangers de passage au Vénez', mais comme l'offre est faible, vu le peu d'étrangers au Vénez', le cours parallèle est élevé. Ils paient actuellement plus de 70 Bolos pour un euro. Nous vendons nos euros à des intermédiaires qui prennent une bonne marge (15 à 20 %), donc actuellement nous obtenons environ 60 Bolos pour 1 euro , soit environ 7 fois le cours officiel. C'est pourquoi nous avons préféré revenir chercher l'argent oublié lors du voyage dans le Delta, si j'avais retiré l'argent dans un distributeur, les 3 jours chez les Waraos nous auraient couté 1200 € au lieu de 180....

En plus, le change parallèle s'affole en ce moment : nous obtenons lundi matin, 65 Bolos pour 1 €, presque 20 % de plus que l'offre lors de notre arrivée. (Scoop : le 11 novembre, suite aux manifestations contre l'inflation et la hausse des denrées importées, le gouvernement Vénézuélien vient de bloquer l'accès à tous les sites internet donnant la valeur des changes parallèles...)

Les Roques et Aves (Vénézuela)

Nous profitons de ce faible coût de la vie (pour nous) pour approvisionner le bateau. Notre stock d'épicerie, boissons, fruits n'a jamais été aussi élevé. Les denrées nous reviennent en moyenne au tiers de leurs prix en France, au quart, comparé aux autres pays Caraïbiens : le kilo de fruit n'excède pas 0,5 €. Nous avons presque honte aux caisses, sortant nos liasses de billets de 100 Bolos (la plus grosse coupure disponible), alors que la plupart des clients font des achats n'excédant pas quelques centaines de Bolos, qu'ils règlent en partie avec des bons donnés par les ''Missions'', sorte de bureau d'aide social. La caissière brandit même notre paquet de 50 billets de 100 Bolos (environ 80 €) pour le montrer à ses collègues, cela correspond à un mois et demi de salaire !

Les Roques et Aves (Vénézuela)

Mercredi 6 : nous abandonnons notre caddy pour replacer notre fier navire dans son élément : la mer et le large. Les Pélicans alignés sur la jetée, nous saluent et nous faisons cap sur Tortuga, distante de 65 miles, par vent faible, variable et mer belle : nous enchaînons les réglages de voiles, voiles appuyées parfois par un moteur. Nous mouillons à la tombée de la nuit à Tortuga, à Cayo Herradura plus précisément, le mouillage le plus à l'ouest. Ce fut une navigation reposante, bonne transition après nos 3 semaines de vie terrestre voire fluviale.

Jeudi et vendredi : lever minuit, car nous faisons cap sur la passe de Sebastopol aux Roques, Petite passe dans la barrière de corail qu'il vaut mieux franchir avant midi pour ne pas être à contre jour.. Le vent s'est levé dans la soirée et souffle d'Est à 18 nœuds, nous serons plein vent arrière. Nous adoptons une configuration de voiles qui permet un bon équilibre le bateau : Grand' voile à un ris, Trinquette et Yankee. Inoui file à 7-8 nœuds et sollicite peu le pilote. Je renoue avec la pêche, et sors une dorade coryphène de 2 kg. La passe de Sebastopol est embouquée vers 11h30, et nous mouillons peu après, derrière la barrière de corail, protégés du vent par un îlot recouvert d e mangrove. Un mouillage de rêve, nous sommes seuls, l'eau est chaude, turquoise, nous retrouvons le plaisir de la baignade et de la pêche aux lambis.

Les Roques et Aves (Vénézuela)

Nous sommes déjà venus deux fois aux Roques, notre séjour cette année sera bref, d'autres destinations nous attendent. Nous descendons à Gran Roque pour une liaison Internet et dépenser nos derniers Bolos. Nous sommes surpris de la propreté de ce village, aux maisons impeccables, fraichement repeintes, aux coins des rues se trouvent des poubelles de tri collectif, sans doute les seules du Vénézuela !

Les Roques et Aves (Vénézuela)

Samedi et dimanche : nous faisons route tranquillement vers les Aves, distantes d'une trentaine de miles. Aujourd'hui, la chance ne me sourit pas, côté pêche : un poisson se décroche alors que je remonte la ligne, ensuite mes 2 bas de lignes sont cassés, emportés par des gros ! Nous mouillons le long de Isla Sud aux Aves de Barlavento (Aves au Vent), par fond de sable de 2 m. Nous sommes 3 plaisanciers dans tout ce vaste archipel, dont le charme principal est la présence des milliers d'oiseaux d'espèces différentes : des fous bruns surtout, des frégates, des sternes, des aigrettes, des hérons et quelques pélicans.

Les Roques et Aves (Vénézuela)

La cime des arbres en est recouverte, ils forment des vols denses et tourbillonnants mais le plus impressionnant est lorsque nous nous baignons : une dizaine nous survolent à quelques mètres, cherchant la partie accessible de ce comestible appétissant.

Les Roques et Aves (Vénézuela)

Nous débarquons et découvrons un lieu de mémoire des bateaux ayant séjourné aux Aves. Les noms et dates de passage sont gravés ou peints sur des pierres ou des planches. Nous y découvrons les noms de quelques bateaux de nos connaissances. Nous parcourons la grève à la recherche d'une planche échouée, vierge d'inscription, en évitant de déranger les couples de fous couvant ou de marcher sur les œufs, pondus dans l'herbe, qui est localement écrasée pour former un nid.

Les Roques et Aves (Vénézuela)

Quelques heures heures plus tard nous déposerons au ''mémorial'', la planche gravée à l'Opinel, souvenir de nos 2 passages aux Aves. Les bains et promenade sur la plage alternent avec les lectures et les bricolages à un petit rythme. Et oui, Inoui demande des soins réguliers, rien de grave, de la maintenance, mais cela occupe souvent 1 à 2 heures par jour.

Les Roques et Aves (Vénézuela)

Lundi : un petit saut d'une quinzaine de miles et nous mouillons devant la grande plage des Aves de Sotavento (Sous le Vent) : bain, promenade sur la plage, contrôle aimable des Guarda Costa qui nous déconseillent de rester pour la nuit, le mouillage étant trop ouvert selon eux. Le vent a forci et s'il vire Nord-Est nous risquons de monter sur la plage. Nous nous déplaçons pour la nuit sous l'îlot Palmeiras, les places aux mouillages ne manquent pas, nous sommes seuls dans l'archipel.

Les Roques et Aves (Vénézuela)

Mardi 12 novembre : départ à 3 heures du matin pour Curaçao distante de 70 miles. La passe d'entrée à Spanish Water, le mouillage que nous visons est trop sinueuse pour être tentée de nuit.

Le vent a encore forci, il dépasse les 30 nœuds (force 7), mais comme nous serons vent arrière, cela reste navigable pour ce brave Inoui. Nous sous-toilons le bateau avec seulement la trinquette. Inoui est bien équilibré et dévale les vagues de plus de 3 m, à 7 nœuds de moyenne, sans nous fatiguer. Plus tard, le vent baisse d'un cran et je peux dérouler partiellement le Yankee. La pointe Sud de Bonaire est doublée vers 8h30, nous ne nous arrêterons pas, nous l'avons visité l'an dernier. A partir de maintenant, cap sur des contrées nouvelles.

Les Roques et Aves (Vénézuela)

Et en voici une : les côtes de Curaçao, commencent à se dessiner à l'horizon, déception : les falaises ne sont pas bleues ! Nous allons être obligés de chercher le bleu dans les bouteilles. Vers 13 h, nous embouquons l'étroite passe non balisée de Spanish Water, entre un banc de sable et un récif coralien. Derrière le banc de sable se trouve un complexe hôtelier de luxe : quel contraste avec ce que nous avons rencontré ces dernières semaines. Une fois le chenal franchi, Spanish Water se présente comme une vaste lagune ramifiée, bordée de villas avec 4 zones de mouillage possibles mais un peu encombrées. Nous finissons par y trouver la place de nos rêves.

Demain, nous partirons à la découverte de cette île, mais cela est une autre histoire

Plus de photos sur Picaca en cliquant ici.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article